A propos de «Antonio, il Rosso»
Antonio Vivaldi (1678-1741)
Vivaldi virtuose et prolifique compositeur glisse insouciant sur le Grand Canal, suivi de ses muses musiciennes…
Antonio Vivaldi dirigea notamment à partir de 1703 l’Hôpital de la Pitié à Venise où il formait à la musique et au chant des enfants abandonnés ou orphelins.
Cette institution devint très célèbre en Europe pour ses représentations musicales.
Ainsi l’historien Charles de Brosses écrivait en 1739 :
« La musique transcendante ici est celle des hôpitaux.
Il y en a quatre, tous composés de filles bâtardes ou orphelines, et de celles que leurs parents ne sont pas en état d’élever.
Elles sont élevées aux dépens de l’État, et on les exerce uniquement à exceller dans la musique.
Aussi chantent-elles comme des anges, et jouent du violon, de la flûte, de l’orgue, du hautbois, du violoncelle, du basson ; bref, il n’y a si gros instrument qui puisse leur faire peur.
Elles sont cloîtrées en façon de religieuses.
Ce sont elles seules qui exécutent, et chaque concert est composé d’une quarantaine de filles.
Je vous jure qu’il n’y a rien de si plaisant que de voir une jeune et jolie religieuse, en habit blanc, avec un bouquet de grenades sur l’oreille, conduire l’orchestre et battre la mesure avec toute la grâce et la précision imaginables.
Leurs voix sont adorables pour la tournure et la légèreté ; car on ne sait ici ce que c’est que rondeur et sons filés à la française. (…)
Celui des quatre hôpitaux où je vais le plus souvent et où je m’amuse le mieux, c’est l’hôpital de la Piété ; c’est aussi le premier pour la perfection des symphonies. »
En 1740, Jean-Jacques Rousseau, alors ambassadeur de France à Venise, a pu également apprécier l’extraordinaire qualité de l’orchestre des jeunes filles de l’Ospedale.
Dans ses Confessions, il avoue même avoir était envouté par des jeunes filles qui jouent la flamboyante musique du « prêtre roux », et veut absolument voir les visages de ces anges-musiciennes cachées derrière des grilles.
Le désenchantement est complet lorsqu’il les découvre, mais la magie de la musique prend quand même le dessus.